Paris 4ème anniversaire de la disparation de Bourguiba

4ème anniversaire de la disparation du leader Bourguiba

(Réalités n°956 du 22 avril 2004)

 

Quatre années après la mort d’Habib Bourguiba, la ville de Paris lui a rendu l’hommage qu’il mérite en lui dédiant l’une de ses places les plus prestigieuses sur le Quai d’Orsay, située entre le Pont de l’Aima et le Pont des Invalides, désormais baptisée « Esplanade Habib Bourguiba ».

C’était le mardi 6 avril à 16H00. Le moment était émouvant et la cérémonie sobrement solennelle. Ce n’était pas la première fois que Paris rendait ainsi hommage à un grand leader arabe. L’année dernière, feu Mohamed V y a eu droit en grande pompe et en présence de Factuel souverain du Maroc. La cérémonie a commencé par un enregistrement sonore de Bourguiba évoquant, devant des intellectuels et des journalistes français, son combat pour l’indépendance de la Tunisie, les valeurs qui étaient les siennes ainsi que les penseurs qui l’avaient influencé.

Ce fut ensuite au tour de notre ambassadeur, M. Moncer Rouissi, de prononcer un discours bref mais hautement symbolique, principalement axé sur l’exemplarité et la pérennité des relations franco-tunisiennes. «Je voudrais saisir cette occasion pour vous dire combien nous sommes attachés à l’amitié tuniso-française et plus que jamais déterminés à faire de nos relations un modèle de coopération, de dialogue et d’entente», devait-il conclure.

L’allocution du Maire de Paris, M. Bertrand Delanoë  -initiateur et organisateur de cette cérémonie-, a été plus longue et nettement axée sur la personnalité de celui qui fut «l’un des acteurs majeurs du siècle dernier». Avec beaucoup d’émotion et de conviction, M. Delanoë a remarquablement résumé l’épopée bourguibienne. «Retracer le destin d’Habib Bourguiba, c’est évoquer la figure du leader charismatique, celui qui fait l’Histoire», devait préciser le Maire de Paris dès le début de son intervention. Après avoir rappelé, l’un après l’autre, les mérites de cet homme d’exception que fut Bourguiba, le représentant de la Tunisie à Paris ainsi que le Maire.de la Capitale française ont brièvement retracé le parcours politique de celui qui a fondé l’Etat de la Tunisie moderne. Ainsi, « homme de grande culture mais aussi fin politique, il sut éviter envers la France les pièges de la rancœur et veilla constamment à distinguer entre la France, pays des valeurs universelles de liberté et des Droits de l’Homme, et les tenants du colonialisme », a souligné l’ambassadeur tunisien. Poursuivant dans le même ordre d’idée, le Maire de Paris démontre comment la France a donné à Bourguiba ses « armes » intellectuelles : « C’est… dans notre Capitale que le jeune Bourguiba, étudiant à la Sorbonne et à l’Ecole libre des Sciences Politiques, acquiert les armes intellectuelles et idéologiques propres à nourrir le futur homme d’Etat… ». Et M. Moncer Rouissi de rappeler ces phrases du Président Ben Ali, prononcées lors des funérailles du Leader défunt : «Bourguiba était un leader, un réformateur et un homme d’Etat qui a influé, en profondeur, sur le cours de notre histoire nationale contemporaine. Il s’est employé à enraciner les fondements de la modernité dans notre société, s’inspirant en cela du passé de notre pays et de son présent, conscient des impératifs et des contraintes de son époque. Sa démarche fut marquée tout à la fois d’audace et de pragmatisme, d’une part, et de sagesse et de prudence, de l’autre».

Delanoë fait sans doute allusion à cette sagesse et à ce pragmatisme quand il dit : «…En contournant les haines et les blessures irréversibles, en écartant les logiques de vengeance, Bourguiba a ouvert à son pays la porte de l’avenir, tout en préservant ses liens avec la France ». Mais il va encore plus loin pour souligner : « .. .Indépendance, paix et progrès : telles sont les ambitions qui ont inspiré une vision sans cesse en mouvement, et des actes mémorables, même si la longue présidence de Bourguiba s’est achevée malheureusement dans la confusion. Rarement l’identification entre un Chef d’Etat et une nation est apparue aussi forte. Bourguiba a été la Tunisie, il a incarné sa naissance, sa souveraineté, son développement. Aujourd’hui, en ce jour anniversaire de sa mort, c’est donc à cet homme d’Etat d’exception que Paris rend hommage».

A la suite du Maire de Paris, l’ambassadeur de Tunisie ajoute : «Au moment où le dialogue des civilisations est en débat, au moment où se pose la question de la compatibilité avec l’Islam des valeurs de démocratie et des Droits de l’Homme, l’héritage de Bourguiba prend un relief particulier et mérite d’être reconsidéré. Votre geste n’en est de ce fait que plus symbolique. La Tunisie apporte, aujour­d’hui, sous la conduite sage et éclairée du Président Ben Ali, le témoignage de la pérennité de ces grands choix. L’histoire reconnaîtra au Président Ben Ali d’avoir sauvé, enrichi, consolidé et considérablement étendu les plus importants choix de Bourguiba et notamment ceux relatifs à la femme et à l’éducation…». Près de quatre cents personnalités politiques et intellectuelles, françaises et tunisiennes, ont assisté à cette cérémonie. Parmi celles-ci notamment Jean Daniel, le patron du Nouvel Observateur, l’historien et écrivain Jean Lacouture, l’ancien Premier ministre Pierre Mauroy, l’écrivain et journaliste Paul Balta, l’ancien ambassadeur Pierre Hunt, l’ancien patron de TF1, Hervé Bourges, la députée du 7eme arrondissement, Mme Auriac… Les personnalités tunisiennes étaient beaucoup plus nombreuses. Plusieurs anciens ministres ont fait le déplacement, notamment MM. Chedly Klibi, Béji Caïd Essebsi, Driss Guiga, Mohamed Sayah, Fredj Chadli, Mezri Chkir, Mohamed Masmoudi, Brahim Khouadja, Tahar Belkhouja… Habib Bourguiba Junior et Mohamed Mzali étaient à la tribune aux côtés de MM. Rouissi et Delanoë. D’autres personnalités connues étaient présentes, dont Béchir Ben Yahmed, Mezri Haddad, Chakib Nouira, Moez Bourguiba, Tarek Ben Ammar, Hélé Béji, Abdelaziz Dahmani et Ridha Amri, ancien proche collaborateur du défunt Hammadi Essid et président de « Synergie France-Tunisie ».

Malgré le temps peu clément  tous les invités sont restés jusqu’à la fin de la cérémonie qui s’est achevée par les hymnes nationaux tunisien et français.

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