Lettre de Thameur à Bourguiba : Février 1943

Lettre ouverte de Habib Thameur à Bourguiba

Tunis, 7 février 1943

Mon Président vénéré,

Me voici aujourd’hui, m’adressant à vous, par la voie du journal du Parti, ce germe que vous avez planté dans l’âme du peuple et qui a poussé et donné ses fruits.

Malgré la mission que vous m’aviez confiée, ma conscience me réprimande chaque fois que mon regard tombe sur votre photo.

Me voici, leader, suivant la voie que vous aviez tracée, embrassant les mêmes idées que celles qui vous semblent concrétiser la sauvegarde du peuple, et marchant sur la route qui nous mène vers le but rêvé.

Votre combat est l’exemple à suivre, et ma vie n’a pas de valeur devant les sacrifices que vous avez consentis et que l’Histoire ne cesse d’inscrire en lettres d’or.

Le courage et la persévérance que vous nous avez inculqués nous permettent d’aplanir les difficultés et surmonter les obstacles qui nous séparent du but que nous nous sommes proposé d’atteindre.

Votre âme brûle du désir fervent de connaître la situation du peuple tunisien, ce peuple qui vous est aussi dévoué que vous l’êtes pour lui. Le voici poursuivant son combat pour sa liberté et son indépendance, et la répression, la coercition qu’il avait subies n’ont fait que renforcer son union et affermir sa foi dans ses principes. Les dures épreuves subies par le peuple depuis cinq années n’ont entamé en rien sa croyance dans la légitimité de ses aspirations mais bien au contraire, elles ont développé sa vitalité et son dynamisme.

Le retour, à nouveau, du Parti à une activité déclarée a contribué, devant la querelle partisane, à unifier les rangs du peuple tunisien que voici combattant pour la libération et l’indépendance du Maghreb Arabe.

Au cours des tournées que j’ai effectuées dernièrement, il m’a été donné de me rendre compte de l’activité et de la persévérance des libres Destouriens, ce qui me permet de vous annoncer, avec joie, à vous et à vos compagnons, l’agréable nouvelle de la fidélité du peuple à votre personne et à la cause pour laquelle vous avez sacrifié tout ce qui vous est cher et précieux.

La nation qui est ouverte à l’esprit de la lutte et du sacrifice n’oublie et n’oubliera jamais votre combat tendant à son bonheur.

Cette nation attend votre retour et celui des héros, vos compagnons, pour la prendre par la main et la guider vers le but que nous visons tous.

Tout le peuple tunisien n’est que cous tendus et tout oui’e, attendant la nouvelle de votre retour à la chère patrie.

Dans les difficiles circonstances actuelles, le peuple reste fermement convaincu que votre retour est impérieux comme il voit dans tout obstructeur à ce retour, un ennemi de la patrie.

Laisser un commentaire

quinze − 8 =