Premières atteintes au culte de Bourguiba

Premières atteintes au culte de Bourguiba

 

Michel DEURE

Le Monde du 16/11/1987

« Bourguiba reste le leader », affirmait, il y a quatre jours, le premier ministre, Hédi Baccouche. N’empêche que les symboles célébrant le culte de la personnalité qui lui était voué et qu’il avait lui-même suscité commencent à disparaître.

Certes, on n’est pas encore au déboulonnage des statues édifiées à sa gloire dans de nombreuses villes, mais, moins d’une semaine après la destitution de l’ancien président, lors de la première réunion qu’il a tenue, le jeudi 12 novembre, sous la présidence de M. Ben Ali, le gouvernement a décidé de changer l’hymne national et de ramener de dix-huit à treize le nombre des jours fériés, deux décisions qui tendent à estomper le nom de M. Bourguiba de la vie officielle.

Dans son refrain, l’ancien hymne se référait « au souffle de Habib (Bourguiba), le leader de la partie ». C’est la raison pour laquelle, croit-on, il est remplacé par « Houmat el Hima » (O, défenseurs de la partie, accourez à la rescousse), l’hymne nationaliste que chantaient les destouriens pendant la lutte pour l’indépendance.

Quant aux fêtes officielles supprimées, elles se rapportent toutes à des dates liées directement à la vie de M. Bourguiba, entre autres la fête nationale, qui était célébrée le 1er juin, en commémoration du retour d’exil de l’ancien président en 1955. Désormais, la fête nationale aura lieu le 20 mars, jour de la proclamation de l’indépendance en 1956. Dans ce nouveau calendrier ne figure pas le 7 novembre 1987, jour de l’avènement de M. Ben Ali, ni aucune date nouvelle.

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