Bourguiba à Belgrade : Le défi de l’histoire

Bourguiba à Belgrade

Le défi de l’histoire

 

Afrique Action septembre 1961

 

Voici l’essentiel du discours prononcé par le Président Bourguiba à Belgrade, devant la Conférence des pays non-engagés en septembre 1968.

…Dans l’analyse de certains problèmes qui nous concernent tous, ou qui concernent certains d’entre nous, des divergences peuvent paraitre tous séparer. Mais notre sincérité, notre bonne foi ne sauraient être contestée, pas plus que notre attachement indéfectible aux principes que j’ai énoncés.

En Tunisie ne renie de ses amitiés. Mais elle place son attachement et sa fidélité aux principes au dessus de ses préférences, et de ses affinités. Partout et toujours, elle essaie de modérer ses réactions et de prévaloir la fusion sur la passion.

…C’est de notre de vue, une « force de frappe » morale qui, bien dirige, finira tôt ou tard, par avoir raison de certaine « force de frappe » qui n’a été jusqu’loi qu’un instrument de domination ou d’intimidation.

…Dans un monde dominé par la rivalité entre deux blocs qui risquent chaque jour de s’affronter dans un combat meurtrier pour l’Humanité tout entière, nous considérons que c’est œuvrer en faveur de la paix que de refuser de s’aligner sur l’un ou d’autre camp, de consacrer ses efforts à apaiser les tensions qui les opposent. L’enjeu de la guerre froide qui sévit actuellement dans certaines régions, l’enjeu des guerres chaudes mais localisées qui continuent d’ensanglanter l’Afrique et l’Asie, c’est sans nul doute l’élargissement des sones d’influence et partant l’isolement du camp adverse.

…Pour certains pays nouvellement indépendants la lutte n’a pas pris fin avec la proclamation de l’indépendance. Le colonialisme fait mine de céder, mais persiste à considérer le pays indépendant comme un sone d’influence ou une espèce ou une espèce de « chasse gradée ». La Tunisie, qui par terme de sa lutte, est fermement décidée à libérer son soi du dernier vestige de l’occupation étrangères.

…De même le cas de la Palestine arabe meurtrie doit faire l’objet de l’appui total de nos gouvernements. Une décision hâtive et dictée par les circonstances et qui a démontré au surplus son caractère inhumain, s’est traduite dans l’ordre international par un déni de justice laissant sans partie et sans foyer des centaines de milliers d’êtres humains. Nous ne devons pas craindre à cet égard de recommander une juste solution.

…Dans son essence, le nationalisme a été pour nous tous, anciens colonisés, un combat pour la dignité de l’homme sous toutes les latitudes.

Le colonialisme, par contre, toute aux pieds cet attribut fondamental de la personne humaine.

Il est également indispensable que les relations entre les Etats, qu’ils soient grands ou petits, soient basées sur le respect mutuel, que la différence des systèmes sociaux ou économique ne soit pas une source de conflits et enfin que chaque Etat puisse organiser ses structures nationales selon les exigences de ses propres données de se voir en butte aux ingérences d’autres Etats. C’est ce qu’on a appelé la coexistence pacifique.

…Malgré ses imperfections la structure de l’ONU est le grand espoir de l’Humanité, le suprême recours des petites puissances, l’instrument sans lequel il n’y aurait plus, entre nations, que la loi de la jungle. Si l’ONU disparaissait aujourd’hui il ne nous resterait plus pour tenter de nous protéger et de nous défendre qu’ne alternative constituer le bloc des faibles, ce qui ne nous mettrait pas à l’abri de l’agression des forts, ou nous agglomérer à l’un ou à d’autre des blocs formés par les deux grands, ce qui nous entrainerait inéluctablement dans la guerre. Certes, l’ONU n’est pas un tribunal supranational doté du moyen de faire exécuter ses décisions. Telle qu’elle est, c’est déjà, c’est encore la conscience de l’univers, une force morale considérable qu’il nous appartient de sauvegarder.

…C’est le devoir des grandes puissances industrielles d’opérer la reconversion de leurs politiques économiques et de leurs conceptions des échanges internationaux sur la base d’une solidarité des peuples mais d’une solidarité sincère et rénovée.

 

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