La France et la Tunisie à la une de la question algérienne : Paul-Marie De La Gorce

La France et la Tunisie à la une de la question algérienne

 

Paul-Marie De La Gorce

 

Au mis de février précédent, Bourguiba s’était rendu à Paris dans le but avoué de convaincre le général de Gaulle qu’il devait négocier avec le FLN.

C’est alors que celui-ci en vint à réclamer l’évacuation de ce qu’il appela « les parcelles de la Tunisie encore occupées ». On pensa, du côté français, qu’il ne s’agissait que de Bizerte. Le général de Gaulle donna son accord à l’évacuation de la base mais demanda des délais : c’est qu’il lui pour difficile, pour le succès des négociations avec le FLN, d’évacuer une base française de Tunisie alors qu’il cherchait à en obtenir le maintien d’autres bases en Algérie. Mais il apparut aussitôt que, de la part de Bourguiba, il s’agissait d’autre chose : ce n’était, comme l’a écrit le général de Gaulle « qu’un détour pour en venir à l’essentiel ». Et, en effet, il demanda la modification des frontières sud vers la « borne 233 », pour que « la Tunisie soit mise en possession de terrains pétrolifères ». A cette demande, il n’y avait aucune chance que le général pour les négociateurs algériens et donc pour la coopération future entre la France et une Algérie indépendante. Il était logique, sans doute, qu’il s’opposa à la revendication tunisienne sur la « borne 233 ». Mais il n’en déduisit pas, comme la suite montra qu’il aurait mieux valu le faire, qu’il fallait accélérer le règlement du problème de Bizerte. De sorte que Bourguiba n’obtient rien. Comme on le sait, celui-ci se résolut alors à obliger la France à négocier en déclenchant une opération de forces limitées aux abords de Bizerte. La défense de la base entraîna une riposte militaire particulièrement énergique, causant de lourdes pertes humaines.

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