Kaddour Ben Yochrett : L’idée du complot a germé après la bataille de Bizerte

Kaddour Ben Yochrett : « L’idée du complot a germé

après la bataille de Bizerte

 

Réalités, Juillet 2006

     …En ce rendant à Bizerte, Bourguiba venait chez nous à la Corniche avec toute la clique du parti pour préparer un meeting. J’avais 13 ou 14 ans. J’ai connu le parti très jeune. Beaucoup plus tard, j’ai fait la guerre de Bizerte. Feu Mohamed Farhat m’a affublé du titre de « héros » en présence de Tahar Belkhodja lors de leur visite à la prison de Borj Erroumi, à 37 marches sous terre. L’idée du complot a germé après la bataille de Bizerte.

…C’est moi qui ai fomenté le complot à Bizerte en contactant mes amis M. Salah Baratli, Mohamed Gara, Ali kchouk, Ali B. Béchir et Habib Hanini. Le groupe s’est élargi vers Gafsa où se trouvaient Salah Hachani qui était le cousin de Gafsi (originaire de Menzel Bourguiba), et aussi le groupe des civils autour de Abdelaziz El Akremi. Des réunions se sont tenues essentiellement chez Lazhar Chraïti.

Le plan réel n’était pas celui qui a été « divulgué » par les autorités. Pour nous, il s’agissait d’éloigner Bourguiba et non de le tuer. J’ai appris plus tard ce projet d’assassinat de la bouche de Baratli qui était en connivence avec Abdelaziz El Akremi. Mais j’ignorais totalement ceci. Il a été convenu que Omar Bembli, qui était le chef de la garnison de Tunis, placerait le Président à Borj Erraïes et éloignerait aussi d’autres personnalités.

…Les militaires voyaient en nous les civils, des intrus qui n’ont rien entre les mains alors qu’eux possédaient les armes, la force et tout ce qui s’ensuit. Nous avons essayé de colmater les brèches, mais les militaires ne voulaient plus se réunir avec les civils. D’ailleurs, lors de la dernière réunion du 18 décembre où le conflit était net, nous étions dans l’expectative si bien que la date du complot était, comme on dit, « tombée à l’eau ». C’est à ce moment-là que nous avons été arrêtés.

…Nous avons reçu la visite du gouverneur de Bizerte, de Taïeb Mhiri ect… Le régime s’est endurci après la visite du ministre de l’Intérieur. Comme le gouvernement a décrété la fermeture du bagne turc de Porto Farina, on nous a déplacés à la prison Borj Erroumi de Bizerte où nous avons été logés à 37 marches sous terre où nous avons passé encore quelques mois. Après quoi, nous avons eu droit aux cellules d’en haut où nous pouvions enfin voir le soleil. Après 8 ans et demi, nous avons enfin pu correspondre avec nos familles et les voir par la suite. On nous a rapporté que certaines de nos femmes se sont évanouies en recevant nos lettres. Les visites étaient mensuelles et seul un couffin était permis. En juin 1973, nous avons été graciés. Tahar Belkhoja était ministre de l’Intérieur à cette époque.

…Dans le conflit Bourguiba-Ben Youssef, nous avons choisi le camp de Ben Youssef, surtout M. Salah Baratli qui avait été déjà jugé pour son appartenance au yousséfisme. Mais, tous les participants n’étaient par des Yousséfistes. Ali Kchouk par exemple, était tout simplement un nationaliste.

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