Lettre du Prince Moncef au général Mast

Lettre du Prince Moncef au général Mast,

renouvelant sa volonté d’abdiquer le pouvoir

 

 

Laghouat, le 6 juillet 1943

Monsieur le Résident général,

«Par lettre du 3 juin 1943, j’ai fait part (sic) à votre prédécesseur, le général Juin de mon désir de me retirer définitivement de la vie publique.

Au moment où vous assumez les hautes fonctions de Résident général en Tunisie, je tiens à proclamer cette résolution formelle, motivée par un état de santé qui ne me permet plus d’assurer, dans les conditions qu’exige note loi du Charaâ, les lourdes charges qui ont pesé de tous temps sur les épaules d’un Souverain.

Seules des circonstances indépendantes de ma volonté ne m’ont pas permis de prendre cette décision le jour même où les forces d’agression germano-italiennes ont été chassées de Tunisie par les glorieuses armées françaises et alliées. Les moments de méditations passées loin des soucis du pouvoir et des influences étrangères ainsi que les heures de prière consacrées à Dieu ont éclairé ma conscience d’une vive lumière et ont confirmé, d’une façon irrévocable, ma décision, rendue publique, serve les intérêts du peuple tunisien dont les destinées restent plus que jamais indissolublement liées à la France généreuse.

Je suis prêt à fixer mon choix sur une résidence dans le département d’Alger ou d’Oran où je sais que le Gouvernement français, fidèle à ses nobles traditions me donnera tous les moyens de vivre une existence digne de mon rang. Je serai prêt, à l’heure tant espérée où la France sera libérée du joug de l’ennemi, à transférer mon domicile sur le territoire métropolitain.

Je m’engage, d’autre part, à n’entretenir, ni directement, ni par personne interposée, aucune relation avec le Gouvernement Tunisien.

Je joins à ma présente lettre un acte par lequel  je déclare renoncer définitivement à tous mes droits du trône et laisser le royaume de Tunis dans les mains de mon successeur aimé, Sidi Lamine Bey.

Je serais obligé à Votre Excellence de bien vouloir communiquer sans délai ce document, ainsi que la teneur de la présente lettre au Comité Français de Libération Nationale qui est, à mes yeux, la seule et véritable émanation de la nation Protectrice.

Veuillez agréer, Monsieur le Résident général, en tant que représentant de la France en Tunisie, l’expression de ma haute estime et ma constante amitié».

Signé : Le Prince, Moncef

 

Acte d’abdication

«Nous, Prince Mohamed El Moncef Bey, dans l’impossibilité d’assurer, dans les conditions de santé qu’exige notre loi du Charaâ, les lourdes charges qui pèsent sur les épaules d’un Souverain,

Déclarons solennellement

Renoncer à nos droits présents et futurs au Trône et, dans l’intérêt même de la prospérité de la Régence, laisser le Royaume de Tunis entre les mains de notre successeur bien-aimé, Sidi Lamine Bey, que Dieu daigne le garder sous sa haute protection et l’inspirer dans tous ses actes. »

Comments are closed.