Khaled El Manoubi : Lamine Bey et les Husseïnites

Lamine Bey et les Husseïnites pour la monarchie constitutionnelle

 

Par Khaled El Manoubi

La Presse, 26/07/2016

 

Ainsi, le Mouchir Ahmed Bey a aboli l’esclavage en 1846, soit une vingtaine d’années avant les Etats-Unis. N’oublions pas, également, Mohamed Essadok Bey qui, en 1861, a adopté le pays de la première constitution de tout le monde islamique. Il est également de notoriété publique que Naceur Bey avait des parti a été explicitement constitué – et comme son non l’indique – d’abord pour renouer avec la constitution d’un prédécesseur du bey régnant. Il est également hautement probable que Moncef Bey, fils de Naceur, était acquis à la monarchie constitutionnelle.

Lamine 1er dont l’avènement a été précipité suite à la destitution de Moncef Bey par le général Giraud en 1943. Il faut rappeler qu’à la veille de cette destitution, Lamine était Bey du camp et, à ce titre, héritier du trône. Mohamed Ben Salem rapporte dans ses mémoires (L’antichambre de l’indépendance 1947-1957, Editions Cérès Productions, Tunis, 1988, p.34) qu’à «l’occasion de la fête de l’Aïd (4 juin 1949), une délégation importante du Néo-destour conduite par son secrétaire général Salah Ben Youssef était reçue par Lamine Bey. (…) Des demandes précises ont été faites : 1) Gouvernement tunisien homogène 2) Assemblée nationale tunisienne 3) Fonction publique aux Tunisiens.

Selon l’historien Mustapha kraiem (voir la classe ouvrière tunisienne et la lutte de libération nationale (1939-1952), tunis, 1980, p.271), l’été 1949 a vu également le feu vert donné par le secrétaire général, Salah Ben Youssef, parlant au nom de ses pairs à la modification de la règle successorale afin de permettre à Chedly Bey, fils aîné de Lamine, de devenir héritier du trône.

La déclaration beylicale d’intention du 4 juin 1949 – l’assemblée signifiant ici la monarchie constitutionnelle – fut confirmée par des actes en 1952. Les extraits suivants du Rapport de la commission des «Quarante» remis le 7 septembre 1952 au Bey le prouvent. « Le 1er août 1952 S.A. Sidi Lamine 1er a daigné convoquer (…) les représentants des différentes tendances de l’opinion publique tunisienne (…) en vue de soumettre à leur examen le plan de réformes proposé à son sceau par le gouvernement français.

Il est ainsi clair que le Bey, dans ses prises de position publiques de 1949, de 1951 et de septembre 1952, opte pour la monarchie constitutionnelle et que le Néo-Destour sans Bourguiba y adhéré.

Encore une fois, Masmoudi, Ladgham, Ben Youssef et les autres n’ont pas réussi à voir venir les choses en cette question cruciale pour le sort du pays.

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