La destitution : Amor Chedly

La destitution

 

Par Dr. Amor Chedly

 

Pour essayer de légaliser son acte, Ben Ali a fait un certificat médical signé par sept médecins réquisitionnés en pleine nuit par le procureur de la république, Hachemi Zammal, celui-là même qui avait présidé le procès des intégristes, deux mois auparavant. Quatre de ces médecins n’avaient eu aucun contact avec Bourguiba depuis plusieurs années. Il s’agit de Ezzedine Gueddiche, Mohamed Gueddiche, Sadok Ouahchi et Abdelaziz Annabi. Comment, sans avoir vu ni examiné un patient depuis si longtemps, ces quatre signataires ont-ils pu « constater », le 7 novembre 1987, « après concertation, discussion dévaluation, que son état de santé ne lui permet plus d’exercer les fonctions inhérentes à sa charge » ? Les trois autres – le cardiologue Mohamed Ben Ismaïl, le gastro-entérologue Hachemi El Garoui et le pneumo-phtisiologue Amara Zaïmi – qui rendaient visite au Président une fois par semaine ou à sa demande ont, sans examen préalable, apposé leur signature à côté de celles des quatre premiers, sur ce certificat rédigé de la main du psychiatre Ezzedine Gueddiche. Si donc ces consultants en cardiologie, en gastro-entérologie et en pneumo-phtisiologie ont, le 7 novembre 1987, estimé que « l’état de santé de Bourguiba ne lui permet plus d’exercer les fonctions inhérentes à sa charge », l’épreuve du temps a démontré qu’ils se sont trompés puisque, plus de dix ans après rétablissement de ce certificat, le Président a continué à bien se porter, sans se plaindre ni de son cœur, ni de son tube digestif, ni de ces poumons. Il est surtout essentiel de souligner que ce certificat n’a été signé par aucun des deux médecins personnels du Président Bourguiba, Ahmed Kaâbi qui assuré cette fonction de 1970 à 1978 et moi-même.

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