L’histoire cachée de la semaine folle

L’histoire cachée de la semaine folle

 

Par Chawki Bahaeddine

Le Maghreb du 14/1/1984

 

Du vendredi 30 décembre au mardi 3 janvier, le pays a été gagné par une irrésistible et progressive révolte. Kébili, Douz, Hamma, le samedi. Le Kef, Kasserine, dimanche. Sfax et Tunis Lundi. Et mardi 3 presque l’ensemble du pays était couvert de mouvements de protestation d’une violence inouie. Du feu. Du sang. Nombreux sont ceux qui ont eu, ce mardi 3 janvier, le net sentiment que le pouvoir basculait dans une direction inconnue.

  1. Driss Guiga, affirme que les forces de l’ordre relevant se son autorité ne sont débordées ». La décision de faire intervenir l’armée est prise. Il était 16h. L’armée investit les artères de la capitale vers 17h. A 18h30, la radio annonce l’instauration de l’état d’urgence.

En ce mardi 3, le triangle de crise est unanime : L’Etat ne doit pas reculer. M. Mohamed Mzali le dira à la télévision le soir même. Le message, visiblement, ne passe pas, puisque le lendemain, mercredi, les jacqueries reprennent de plus belle.

Le mercredi, le pouvoir donne donc l’impression qu’il est à la recherche d’une solution impossible. D’autant que malgré le couvre-feu et les arrestations l’agitation ne baisse pas. D’autres régions entrent en lice : Béjà, Jendouba, Bizerte.

Le chef de l’Etat se serait contenté, après avoir décidé de s’adresser à la nation, de recevoir quelques uns de ses vieux compagnons de route : Come MM Zargayoun et Mahmoud Zhioua.

Vendredi 6, les 7 millions de Tunisiens attendaient 10h00.

Le Chef de l’Etat enregistre son mot à 10h00. Le revit. Et la diffusion eut lieu à 11h00. Mots bien choisis, populaires, termes accessibles aux cœurs et à l’intelligence. En cinq minutes, retournement complet de la situation. Les casseurs se sont répandus comme une trainée de poudre à travers les artères de la capitale. Cette fois pour chanter, danser, célébrer Bourguiba. Et célébrer en quelque sorte leur victoire.

Des slogans communistes « وطنية وكرامة وحرية خبز » ont été ici et la repris par la foule. Mais les slogans anti-Mzali étaient les plus nombreux et les mieux étudiés.

Bourguiba apparut. « J’annonce la libération de tous ceux qui ne sont pas coupables de vandalisme ! » Nouvelle explosion de joie. Tout le monde rentre chez soi.

Comments are closed.